FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier

FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier
FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier

FRÉDÉRIC-GUILLAUME Ier (1688-1740) roi de Prusse (1713-1740)

Né trois mois après la mort du Grand Électeur, Frédéric-Guillaume Ier devient roi de Prusse le 25 février 1713. Son père Frédéric Ier a obtenu pour la famille des Hohenzollern le titre royal. Sa mère Sophie-Charlotte de Hanovre, amie de Leibniz, meurt à trente-sept ans (1705). L’année suivante, Frédéric-Guillaume épouse sa cousine germaine Sophie-Dorothée dont il aura le futur Frédéric II. Doté d’un esprit d’économie, soldat né (il a reçu le surnom de Roi-Sergent), Frédéric-Guillaume admire l’état militaire et, pour lui, l’armée et l’État, le militaire et le civil se confondent. Sa théologie est simple; la crainte de Dieu et du péché. De confession réformée, mais de sympathies luthériennes, il fait célébrer dans son État le bicentenaire de Luther en 1717, il protège les piétistes de Halle, prend parti pour leur chef de file August Hermann Franke contre Christian Wolf, taxé de rationalisme, qu’il expulse de ses États par l’ordre de cabinet du 8 novembre 1723. L’école de Halle, où brille Thomasius, où Franke a introduit le piétisme de Spener et Wolf la logique rationnelle, est alors la pépinière des fonctionnaires et pasteurs de la monarchie.

Le dessein du roi est de créer une monarchie militaire. À la base, il faut de l’argent et des hommes; avec le premier il peut acheter les seconds. Il réduit donc les dépenses en abandonnant la politique de prestige: liquidation de la Cour et de son personnel, diminution du nombre des fonctionnaires et de leur traitement. Il entreprend la mise en valeur des ressources foncières par la colonisation et le peuplement de la Prusse orientale où se développe l’instruction primaire, l’établissement d’un cadastre, une administration plus rationnelle du domaine, et où des baux temporaires remplacent les baux emphytéotiques. Il introduit le mercantilisme que Colbert a développé en France: interdiction de l’exportation de la laine brute et de l’usage des draps étrangers, tentative pour créer des manufactures. Ne faut-il pas habiller les troupes?

Frédéric-Guillaume s’emploie à rationaliser la législation et à réorganiser l’administration. Réunis en un Corpus constitutionum , réservés d’abord à la Marche de Brandebourg, puis étendus aux pays rhénans, à la Prusse et à la Poméranie, les édits substituent des commissaires d’État aux oligarchies municipales, le directoire général prend en main les affaires d’administration intérieure, dans les provinces sont établies des chambres des domaines et de la guerre, le tout sous la surveillance de la Cour supérieure des comptes. Ainsi s’élabore l’armature de l’État prussien qui résistera aux épreuves du demi-siècle suivant. L’armée, mécanique disciplinée, rompue à l’exercice à la prussienne, sous la direction des nobles que le roi a exclus en tant que corps du gouvernement, passe de quarante mille hommes en 1713 à quatre-vingt mille en 1740.

État militaire, la Prusse de Frédéric-Guillaume Ier n’est pas un État belliqueux. On a ironisé, à tort, sur cette prudence royale. Une acquisition née de la défaite de Charles XII, celle de la Poméranie antérieure, complète l’accès à la mer. Le choix est difficile entre la fidélité à la politique impériale et la politique souhaitée de direction des puissances protestantes. En 1725, l’alliance défensive de Herrenhausen lie la Prusse à la France et à l’Angleterre présente au Hanovre; en 1726, par le traité de Wusterhausen, Frédéric-Guillaume reconnaît la pragmatique sanction chère à l’empereur Charles VI, mais il échoue sur le Rhin dans l’affaire de la succession de Berg et de Juliers. En 1738, l’empereur, se rendant aux raisons de la France et de l’Angleterre, refuse de soutenir ses prétentions. Berg et Juliers passeront à Charles-Théodore de Palatinat en 1742. Frédéric II n’oubliera pas cet affront. Dès 1737, affaibli par l’âge, les voyages, les chasses, les excès de table et de travail, les attaques de goutte et d’hydropisie, les discussions avec son fils, qu’il veut «dresser» à la prussienne, hanté par l’idée de la mort, le roi multiplie les édits financiers et militaires.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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